Géorgie à vélos, J+167, 6 515 km – Du 31 juillet au 28 août
⛰️Record d’altitude à vélo : 2610m !
🐺 Notre plus belle rencontre ?
🌏 De très gros changements d’itinéraire !
+ de photos de la Géorgie à vélo par ici !
À peine 100 mètres après le poste de frontière, le premier mot sorti de la bouche d’un géorgien c’est « vino?! » 🍷
La Géorgie a un savoir-faire vinicole ancestral, une fierté nationale ! À ce moment-là, on ne savait pas encore que cet échange en disait long sur la tournure de notre périple !
La Géorgie, c’est un pays qu’on avait particulièrement envie de découvrir sans trop savoir pourquoi, une attirance un peu aveugle. Peut être parce que c’est un pays montagneux (mais à vélo, ça ne nous ressemble pas) et puis Anai et sa déformation de graphiste avait un fantasme des tapis géorgiens ! Bon, ça ne suffit pas à nous expliquer pourquoi on avait tellement d’attentes ! 🤷♂️
Nouveau pays, nouvel alphabet, c’est joli, mais on ne comprend vraiment plus rien (bon ok, on dit ça à chaque fois), chouette occupation de déchiffrer ces lettres arrondies en pédalant !
On retrouve peu à peu des routes moins fréquentées et c’est pas pour nous déplaire. Tant pis pour les stations-service ! ⛽
Batoumi. Drôle d’endroit entre modernité et tradition où les buildings poussent comme des champignons ! Surnommé le Vegas Géorgien, des copains turcs nous ont confié que c’était LE spot pour jouer au casino (c’est interdit en Turquie) ! On ne s’y est pas vraiment attardées même s’il y a sûrement plein de pépites à découvrir. En été c’est bondé, alors on préfère avancer ! Arrivant un peu tard dans la torpeur de la vie citadine, on cherche rapidement avant la tombée de la nuit un spot pour la tente. On misait naïvement sur la plage; c’était sans compter que les bords de mer sont fréquentés sur des dizaines de kilomètres à cette saison : des gens se retrouvent pour faire la fête et des drifts, des familles profitent du coucher de soleil. C’est vraiment pas l’endroit rêvé pour être tranquille, et on n’a plus trop le temps pour explorer les alentours (la nuit tombe). On décide de se rabattre sur l’hôtel le plus cheap du coin où on se fait accueillir en russe par le vigile et un type bourré qui s’improvise voiturier de bicyclettes. Désolées les gars, « Ruski niet » ! On se rend rapidement compte que l’anglais n’est pas très utile ici, et que même si les Géorgiens ont une histoire pleine de tensions avec la Russie (encore aujourd’hui, puisque la dictature de Poutine occupe à ce jour 20 % du territoire géorgien), ils parlent pour la plupart russe. Heureusement, Anai maitrise à merveille « KaKti biazabouk » (merci Rinzine!) : « comment t’appelles-tu? »
Ça rend les échanges rapidement stériles mais ça fait toujours son petit effet et on prend désormais plaisir à le sortir à toutes les sauces ! 💃
L’hospitalité Géorgienne.
Contrairement à la Turquie, l’hospitalité géorgienne dont tout le monde parle ne nous a pas sauté aux yeux ! Les géorgiens ont le visage plutôt fermé et le sourire joliment dessiné à contresens.
On y a aussi rapidement senti un climat assez particulier dans les villages qu’on a traversés, et en même temps le chacha (alcool local), ça tape sur la tête !
D’expérience, on a supposé que l’hospitalité géorgienne existait bien mais simplement un peu plus dans certaines régions que d’autres ou bien il faut être en « galère » pour la sentir ?
Alors qu’on sort d’une supérette, un gars montre le pneu arrière d’Anai et dit « problem ! ». On rétorque fièrement « Problem yok » (« aucun problème ») avant de s’apercevoir qu’effectivement le pneu est complètement à plat ! C’est parti pour la réparation, Zaza et sa bande viennent nous donner un coup de main et superviser les opérations dans la bonne humeur ! Au moment de réparer la chambre à air, notre tube de colle est tout sec. Le pote de Zaza charge GG dans son propre bus et l’emmène à 2 km de là, dans le « boui boui » d’un mécano pour poids lourds. En 3 minutes, montre en main, c’est réparé ! Pendant ce court temps, Zaza et Anai ont pu faire un volley et jouer au foot. Un bon moment avec cette team au grand coeur, qui, à première vue, n’avait pas l’air franchement très chaleureuse ! 💙
Sources d’eau chaude sulfureuse.
Après une nuit dans un camping un peu glauque mi-abandonné où on est les seules personnes sur un gigantesque champ, on pédale jusqu’à Senaki. Pas évident de bivouaquer dans les parages. En Géorgie, vaches, buffles, cochons et chevaux sont en liberté sur les routes, sur chaque mètre carré d’herbe, et la zone en question est assez « urbanisée ». On ne trouve pas de guesthouses (elles semblent pour beaucoup désertées). Le seul hôtel en centre-ville accueille une forme de réception d’enterrement et une flopée de gens ivres. Fatiguées, on passe tout de même notre chemin pour pédaler encore, vers la rivière.
On trouve enfin une petite guesthouse où, épuisées (et séduites par l’incroyable endroit), on décide de rester quelques jours. La famille -qui reçoit également sa propre famille- nous propose de partager un « barbecue géorgien » !
Sur leurs conseils, à quelques kilomètres de là, on découvre l’antre de Belzébuth : de la fumée s’échappe du sol et l’eau qui en sort est en ébullition !
Ce sont les plus curieuses sources d’eau chaude qu’on ait pu voir jusqu’ici ! Au coeur de la forêt, l’ambiance est mystique. Pour finir le tableau, des touristes Russes-écrevisses alternent siège bouillant à la source et bain glacé dans la rivière : le sauna géorgien ?
La Svanétie, ça commence intensément. Plongées dans l’ivresse au premier dénivelé positif.
On arrive au premier/dernier village pour se ravitailler avant de commencer à grimper. Une bande de joyeux lurons nous arrête dont un chauffeur de taxi du troisième âge aux dents en or. Outre les vapeurs d’alcool, l’échange est court et pas désagréable. On s’arrête un peu plus loin dans un cabanon à l’abri des regards indiscrets pour boire un café. Les habitués semblent amusés et intrigués par notre présence. Pour autant, ils ne comprennent pas qu’on ne prenne pas de bière. Pivo ? Vodka ? Vino ? Niet ?! On échange quelques sourires. Puis un type finit par se lever pour prendre une photo avec nous et les vélos. Tout excité, il nous attrape à tour de rôle et nous fait un bisou plein de tise sur le front. Notre route continue sur un chemin de cailloux (qui grimpe). L’heure tourne, on commence à réfléchir à l’endroit rêvé pour planter la tente. On fait une pause sur un banc quand un taxi débarque en trombe et s’arrête à notre hauteur, la musique à fond. C’est celui de tout à l’heure avec ses dents en or ! Il s’assoit entre nous deux. On comprend qu’il habite à côté et qu’il nous invite à dormir chez lui. On refuse environ 30 fois cette invitation qui sent, évidemment, le traquenard (et la vodka) à plein nez, l’alarme anti-relou est déclenchée. 🚨
On sent que le mec est sensible, il faut donc agir avec tact et s’extraire de cette situation en douceur. On finit par se lever quand il nous attrape le bras avec force et nous impose une bise qui ne demande qu’à déraper. On le repousse cette fois avec beaucoup moins de diplomatie et on monte sur nos vélos avant de s’engager sur une route de cailloux en pente. Après cet épisode particulièrement énervant, ça nous coupe l’envie de bivouaquer dans le coin. On pédale jusqu’à la prochaine ville où on dégote un hôtel fraichement terminé mais qui n’a ni enseigne, ni employé. Deux monsieurs du shop d’à côté passent quelques coups de fils et voici qu’une voiture décapotable débarque. 3 gars en sortent, bouteilles de bières (1L, format réglementaire) à la main. L’une d’elles sera pour nous. Le gérant s’excuse mille fois de n’avoir pas encore de personnel, nous montre la chambre et s’en va. C’est sa bande de potes/voisins ivre et gluante qui s’occupe de nous. On doit refuser environ 30 fois de nouvelles bières et 10 fois la visite de la ville nocturne -en buvant des bières. (Accessoirement, il pleut et aucun ne parle anglais). Parfois il y a des moments où il faut faire confiance à son détecteur à embrouilles !
Avec cet enchaînement du jour, on commence sérieusement à en avoir marre. « Ce serait tellement plus simple de voyager si au moins l’une d’entre nous était un homme ! »
Finalement, la seule chose que l’on espère, c’est que les hommes ne se comportent pas de cette manière avec les femmes de leur pays !
Le lendemain, on reprend l’ascension. C’est dur mais splendide. Sur le bas côté, des touristes s’arrêtent et descendent de leur 4×4 dernier cri pour prendre LA photo du point de vue (celle en bord de ravin-que-si-tu-recules-d-un-pas-t-es-mort-mais-c-est-beau). On s’arrête à notre tour pour aller voir, boire un coup et surtout, faire une pause ! Plusieurs voitures passent à toute berzingue sur la route escarpée, en klaxonnant. L’une d’elle ralentit, le type à la place du passager sort un gun et tire par la fenêtre dans notre direction pendant que son pote au volant se descend une bouteille de vodka : pratique, d’avoir deux mains ! Tradition Géorgienne ou bêtise ? On est restées bouche bée (et un peu sourdes).
En fin d’après-midi, alors qu’un chalet-café-restaurant se dessine au loin, on s’arrête et s’auto-félicite pour toute cette belle grimpette. « On a bien mérité une petite pause ! ». Un grand et magnifique chien de montagne passe. « Splendide » est le seul mot qui sort de la bouche d’Anai. GG reste sur ses gardes, il est tout de même impressionnant. Peu de temps après, on entend un douloureux cri de chiot. Pas plus haut que trois pommes, « Loustique », se réfugie sous notre table, la tête ensanglantée. Il y a eu bataille pour un bout de kachapuri… l’autre « méchant chien » de montagne est chassé et Loustique se couche sur nos pieds. Le café se transformant en écriture, dessin, le temps passe vite et la pluie commence. On demande si on pleut planter la tente là. Da. Impeccable.
Plusieurs chiens s’approchent et se font sévèrement chasser par le petit mais vaillant Loustique. On rigole. « Ah, si on avait un Loustique comme toi avec nous, on nous emmerderait moins ! ».
Au réveil, on trouve Loustique qui dort à l’entrée, sous la toile de tente. On a déjà mal au coeur de devoir laisser cette petite teigne pleine de mignonnerie et son autre pote chiot qui nous suivent partout dans nos préparatifs matinaux. Dans le fond rôde un troisième chien, le « méchant ». On le repousse à plusieurs reprises (surtout Loustique, qui s’est battu avec la veille).
Le départ. L’univers nous a entendues ?
Alors qu’on imaginait Loustique courant désespérément après nos vélos, celui-ci s’arrête à la porte du café. Tristes mais soulagées on attaque la descente à toute allure. Mais en regardant dans le rétro, on se rend compte que c’est le « méchant » qui nous suit, les poils au vent, les babines et la langue à l’air, plus décidé que jamais, à un rythme hallucinant.
Après 30 km, on s’arrête manger. Le chien est toujours là. Une fille le nourrit : on se dit qu’il va rester là. Mais non, il semble avoir une mission de vie et décide de reprendre la route avec nous !
Peu de temps après, deux hommes ivres, habillés en rangers-militaires nous arrêtent sur le bord de route pour nous inviter à boire un coup (en bord de tombe sur le bas-côté). Ça sent le traquenard, on ne comprend pas grand chose, ils sont nerveux et peu chaleureux : on refuse poliment ! Un des gars insiste, se rapproche et nous tire par le bras : ni une ni deux, ça n’a pas plu au chien de berger qui commence à montrer les crocs et à mimer l’attaque ! Ça calme ! Ils s’en vont et reprennent la route (bourrés).
On repart silencieusement, un peu sous le choc de cette intervention bienveillante.
On passe alors une première nuit de bivouac paisible, tous les trois.
Au petit matin, on s’empresse de regarder devant la tente : Lasha -ce sera son nom- est toujours là. Le berger qui garde patiemment ses deux vaches. Ce sera la rencontre qui va changer le cours du voyage, du moins pour les jours qui arrivent. Ce grand et magnifique chien de montagne plein de testostérone, qui fait pipi partout !
On se sent comme un troupeau sur bicyclettes : il nous « range » sur le côté dès qu’on s’écarte un peu trop au milieu de la route; et nous regroupe si l’une prend de l’avance, ou du retard. Il nous apprend à trouver les points d’eau et d’ombre et à apprécier la pluie et les montées (des conditions dans lesquelles il peut se joindre à notre route sans peine). Il nous pousse même à affronter les chiens sauvages pour le défendre. Nous voilà désormais parées de pierres et faisant face. Les traversées de villages ne se font jamais discrètement ni sans peine : il prend le temps de saluer tous ses confrères (qui errent ou non) et ça ne se termine pas toujours pacifiquement. Les bivouacs n’ont jamais été si faciles. Le rythme est ralenti et la vie est simple et sans gars relou/bourré. 😍
La Svanétie c’est une région magnifique, on ne regrette pas une seconde d’avoir pris notre courage à deux mollets ! ⛰️
On pédale donc une très grosse semaine avec Lasha, de Mestia à Ushguli et on monte deux cols: on trouve ça plutôt amusant, d’autant plus qu’on n’a jamais fait de vélo en montagne (ou alors seulement les descentes) ! On s’est toujours dit que c’était « pas loin d’être con » en voyant les cyclistes pédaler à grosses gouttes dans les côtes. Alors, avec un vélo chargé….
Bon. Comme on s’imaginait jamais monter si haut, on ne s’imaginait pas non plus qu’il puisse y faire froid. Seulement munies d’un sac à viande (benwi, avec 40° à Istanbul, on a envoyé nos duvets en Inde… !), les nuits sont extrêmement fraîches. On finit par trouver un duvet/couverture avec un peu de soulagement à Mestia. On peut continuer l’ascension.
Le premier col : 1900m. On passe une chouette soirée avec nos amis allemands en van qui bivouaquent à nos côtés (tant qu’ils ne s’approchent pas trop près de la tente, ils sont « autorisés » à nous parler), Lasha s’occupe de tenir les vaches, taureaux et buffles à distance raisonnable. Quitte à monter un col autant y rester pour en profiter !
Le second col : 2610m. Notre record ultime sans même charger les vélos dans un camion (d’ailleurs, on aurait du mal à en trouver) ! Les routes de cailloux ne nous ont pas aidées mais on l’a fait ! On imaginait un comité de fête à l’arrivée, champagne, confettis, fanfare, maillot à pois, photos… NADA ! Des prairies, des prairies, des prairies et des glaciers ! (On n’est quand même pas loin de verser une petite larmiche d’émotions, sous l’oeil interloqué de Lasha, qui cherche juste un coin d’ombre). 🤩
La redescente.
On s’est posé toutes les questions du monde et on a retourné la situation dans notre tête dans tous les sens : que faire de Lasha ? Il a décidé de nous suivre, il semble nous avoir adoptées ! C’est vrai que c’est assez courant qu’un voyageur se fasse suivre par un chien en Géorgie : les chiens sont trop cools ! Mais sur une si longue distance ? Ça n’arrive pas. On a imaginé l’adopter, finir le voyage avec lui, l’emmener en Inde puis en France… Puis même si ça nous a déchiré le coeur, on a du se résoudre à une fin bien plus banale. Lasha est un chien qui a de l’âge déjà, il n’aime pas la chaleur et surtout il aime sa liberté ! Aucune chance de lui mettre un collier ou de lui imposer d’être attaché au bout d’une chaine. On n’a pas arrêté d’osciller; et puis une autre compatriote aux airs de louve s’est aussi mise à nous suivre et à garder la tente aux côtés de Lasha. On a tout fait pour que ça n’arrive pas : impossible de s’en défaire ! Après de bonnes descentes, on finit par traverser quelques villages aux gens paisibles et souriants : ça fait du bien ! Ils ont l’air de bien s’occuper des chiens. Petit hic : un troisième s’est mis à nous suivre. Village d’après : un quatrième ! Village suivant : un cinquième, mais cette fois, avec un collier !! Nos nerfs ne tiennent plus : du fou rire au craquage, on comprend que c’est un coup de pouce pour les laisser ensemble, dans ce lieu frais et paisible. Une grande descente s’annonce, la route s’est améliorée, alors on s’y résout : on pédale à toute berzingue, sans se retourner, en chouinant silencieusement. C’est un bivouac au coeur lourd, 40 km plus loin. On espère secrètement et égoïstement y voir Lasha au petit matin. Ce sera bien entendu une déception. 😥
Faire couler nos larmes par les aisselles (et devenir poètes). Alors on se lève et on décide de faire en une journée ce qu’on aurait fait généralement en deux. On pédale sans s’arrêter et on avale des kilomètres sous la chaleur qui commence à augmenter de plus en plus. Après la verdure et la fraicheur des nuits, c’est un four et un choc climatique ! On partage un bout de route avec Mickaël, un français qui pensait « seulement aller jusqu’en Croatie » avec son vieux vélo Décat’ et son sac à dos. En discutant, on s’aperçoit qu’il connait le tout petit village (400 habitants) dont est originaire Anai puisqu’il a fait tout son lycée avec l’un de ses habitants : le monde est vraiment tout petit ! 😁
Juste avant d’arriver à Kutaïssi, on nous fait coucou sur le bord de la route : incroyable ! Ce sont nos deux allemands en van (de location), qui attendent leur avion. Ils regardent Mickaël puis nous demandent où est passé Lasha. On pourrait penser qu’il s’est transformé en humain !
L’arrivée en ville se fait dans un trafic dense : décidément, Lasha est mieux dans les montagnes !
Kutaïssi et les toilettes de la Guesthouse.
On a pourtant mangé des spécialités délicieuses dans un restaurant mais visiblement la nourriture géorgienne ne réussit pas vraiment à Anai. Pour cette raison, on reste quelques jours de plus à Kutaïssi le temps de se (vider) remettre de ses émotions.
Après une si longue pause, on se demande si on sait encore faire du vélo ! On enfourche les bécanes de bon matin pour éviter la chaleur étouffante. La route n’est pas franchement amusante, le trafic est intense, il fait chaud mais surtout des rafales de vents nous rendent la tâche épuisante et poussiéreuse ! À une intersection, un monsieur nous indique avec beaucoup d’insistance la (auto)route de Tbilissi, en expliquant par de grands gestes que l’autre route qu’on envisageait est bloquée. On se résigne à l’écouter (surtout qu’il a décidé de nous escorter jusqu’à l’embranchement), se retrouvant à pédaler sur la 4 voies, le vent de face. Un régal. Après des litres de sueur écoulés, un bon bain de poussière et seulement 40 km au compteur, on s’échoue dans une magnifique station-service à l’entrée de Zestafoni. Un motel en arrière plan. « ET si on réalisait notre rêve le plus fou et qu’on dormait DANS la station service, vue sur parking ? » « Allez ! ».
En route pour la capitale. Ok cette fois, on avance vraiment ! Aujourd’hui ça monte, il y a toujours du vent, et sur cette route en travaux, le trafic est toujours aussi intense (et les poids lourds, légions). Après 20 km, on fait un point rapide. « Bon, dès qu’on trouve un endroit à l’ombre, on s’arrête et on lève le pouce ! » Même pas eu le temps de se mettre en place qu’un 4×4 avec remorque (qu’on zieute avec envie) s’arrête: « need help ? Come, too much trafic » La vie est magique ! On charge les vélos dans la remorque de Levan et en route pour Tbilissi, petit coup de pouce de 200 km, quand même !
On passe un trajet agréable en bonne compagnie à parler de tout et de rien sur la Géorgie (ah oui, parce qu’en plus d’être sympa, il parle anglais!) ! Aujourd’hui, on a vraiment avancé ! Incroyable changement de paysages : en un seul tunnel de 2 kilomètres on passe d’une nature verdoyante à l’ouest (humide, et même presque tropicale parfois) à des paysages ultra-secs (façon Far-West, quasi désertiques) à l’est !
Tbilissi. Facile ! On décharge les vélos de la remorque, et nous voilà en plein coeur de la capitale Géorgienne. C’est immense, on ne s’attendait clairement pas à ça ! Après ces kilomètres épuisants, on s’offre une petite pause bien méritée pour un café en terrasse. Après quelques gorgées, un serveur débarque avec un plateau plein de bonnes choses à manger : on pense à une erreur, mais il insiste « Gift from my boss ». Étonnées, on le suit du regard; il se dirige alors vers un autre restaurant : « Istanbul Café » ! Décidément !! La générosité Turc a encore frappé, mais en Géorgie ! On aura même un çay : ça fait chaud au coeur ! 💛
Sortir de la capitale. Après 15 long kilomètres pour s’extirper de Tbilissi, nous voilà dans des paysages arides dignes de ce qu’on s’imagine du Texas. Les gens sont souriants, on nous offre des fruits, on nous fait coucou. Malgré la chaleur, on enchaîne les kilomètres. Alors qu’on avait prévu de bivouaquer avant la prochaine frontière, nous voilà devant la douane d’un pays qui nous attire énormément mais pour lequel on s’était dit et répété : « jamais de la vie à vélo » : l’Arménie !
Pour clore notre boucle de la Géorgie à vélos en beauté, une dernière interaction avec l’un de ses habitants.
Il est 8h du matin, nous sommes à quelques kilomètres de la frontière. On voit un mec sortir de son 4×4 qui brille, profil texan, chapeau, chaussures pointues, chemise blanche sur marcel impeccable. Il semble tenir quelque chose mais on ne distingue pas tout à fait. Il avance et s’accroupit près d’un chien qui arrive en remuant la queue. Et d’un coup : BAM! Le chien fait demi tour en gémissant de toutes ses forces, la queue entre les pattes. On vient de comprendre qu’il vient de se prendre une balle à bout portant par une carabine à plomb tenu par ce même type qui nous regarde alors et affiche un certain sourire de satisfaction qui fait froid dans le dos. Tradition ? Bêtise ? La question se pose.
Même si ce pays a été une très belle découverte culturelle, historique, (canine) et naturelle; à cet instant précis on est contentes de partir à la rencontre de l’Arménie ! D’ailleurs, dès les premiers kilomètres, on s’y sent bien et les gens sont sobres, souriants et chaleureux : ça fait du bien au moral ! 🇦🇲
2 Responses
Lasha : Quelle incroyable et magnifique rencontre, que ce beau chien ! Une bénédiction, un cadeau du ciel pour vous escorter !
Faire couler nos larmes par les aisselles (et devenir poètes) : J’adore.
Ou, la Vie est magique pour qui a « les yeux pour voir ». La magie c’est quand l’âme agit.
Bénédiction à vous 2,
Sylvie
L’univers soutient mais parfois il nous fait passer des « crash test » ; Peut être est-ce le cas pour ces nombreuses rencontres d’hommes « perturbés » et « perturbants. » –
PAIX, AMOUR, LUMIERE et JOIE à vous 2,
Sylvie