[ Les Émirats Arabes Unis 🇦🇪 J+236, 11 378 km – Du 27 octobre au 1er novembre ]
+ de photos de Dubaï à vélo (ou presque) par ICI !
⛴️ Débarquement à Dubaï à vélo.
Le ferry se rapproche d’une côte dont on ne distingue plus un brin d’horizon. Dans la nuit qui est tombée, on découvre une armée illuminée de silhouettes parallèlepipédiques, phalliques, octogonales, courbées, pointues, twistiques : il y en a pour tous les goûts !
Paradoxalement, on s’apaise : on a ENFIN changé de pays. Ça y est !
On n’aime pas la ville, les buildings et encore moins l’idée qu’on a de Dubaï, mais qu’est-ce qu’on s’en fout! On est SORTIS ! Enfin, presque.
Il y a un dernier détail qui traine : la veille du ferry (à 22h), on a réalisé qu’il fallait à nouveau un test PCR pour entrer aux Emirats. On a joué la carte du « ils ne vérifieront pas, et si jamais ils le font, on leur tend un QR code qu’ils ne pourront pas lire ». On sait que c’est joueur mais on n’a pas le choix. On ne RETOURNERA PAS en Iran, même s’il faut se mettre à genou à la douane.
À peine débarqués, un officier nous crie dessus : il faut monter dans le bus ! On lui explique qu’on doit récupérer nos vélos : Il faut monter dans le bus ! Il s’énerve, bout, trépigne et s’impatiente. Avant d’imploser, le capitaine lui explique qu’on a nos montures à récupérer. Alors qu’il réalise son erreur de jugement, il hausse encore plus le ton pour reprendre de la superbe. C’est à la fois cocasse et désagréable mais bon, peu importe.
On est mis dans une pièce à part (celle des étrangers qui ne sont pas recouverts d’un voile intégral ou d’une gandoura). L’attente est interminable : la machine hyper-high-tech-qui-lit-les-passeports-toute-seule ne fonctionne malheureusement pas. Aucun de nos passeports ne passe la borne et tout le personnel s’agite autour pour comprendre. La bataille homme VS machine commence 🕹️.
Il nous faudra pas loin de 3 heures pour qu’ils finissent par obtempérer avec un bon vieux tampon de douane. Et pas de vérification de PCR, on fonce ! (ou presque… Encore une bonne heure pour scanner les sacoches de tous les vélos et interroger Raph sur le contenu étrange de sa bouteille d’eau : « send! » « send? » « beach » « send bitch? » « oh, sand ! beach you mean ! OH YAYAYA !» …)
On se lance dans le trafic, de nuit.
🌃Vite, vite.
La transition est brutale : les véhicules sont d’une puissance et d’une rapidité qu’on avait oubliées ! Ils sont rangés, chacun dans leur voie, un par un. C’est carré, même déroutant. Les klaxons ont changé de dynamique : ils ne sont plus du tout là pour nous saluer, mais pour nous inviter à dégager de la route. On se sent en décalage, à Dubaï à vélo, avec nos grosses sacoches au milieu de toutes ces gigantesques enseignes lumineuses : c’est ça, New York ? Ici, on découvre qu’on peut commander un hélicoptère sur Uber ! Pas le temps !
Et puis un scooter s’arrête, un marocain nous salue : « profitez bien de Dubaï ! ». On a du mal à imaginer comment, mais encore une fois, qu’importe : on est sortis d’Iran !
Nouvel espace, mais pas d’Emiratis.
On a trouvé l’hôtel le plus cheap de la ville : ça reste hors de prix, mais c’est difficilement envisageable de bivouaquer ici pendant une semaine.
Après une bonne heure sur l’autoroute du gratte-ciel, on découvre avec délectation que l’hébergement est tenu par un Indien : on se rapproche !! Hilares, on découvre qu’ils mettent nos sacoches sur un chariot à bagages : l’absurde est à son comble.
Serge, le videur, nous explique qu’il y a 8 nightclubs (pakistanais, bengalis, indien…) avec ou sans danseuses dans l’immeuble, « parce que les gens ici sont timides, ils ne veulent pas qu’on les voit sortir puis revenir accompagné, là au moins, ils peuvent simplement monter à l’étage ». On n’en revient pas.
/La face cachée de Dubaï.
💸 De l’or sur du sable.
Alors qu’on se réjouissait à l’idée de reboire un verre légalement, on redescend assez vite en découvrant les prix pratiqués. On est pourtant dans le quartier le moins cher de la ville : ici, un nombre astronomique de personne a débarqué de l’étranger en pensant faire fortune aux Emirats avant de s’y retrouver bloqué. C’est bien simple, en une semaine, on n’aura rencontré AUCUNE personne « locale ». On peut enfin jouer au jeu du « where are you from ? ». Et une telle diversité de cultures dans un espace si réduit : c’est déroutant !
🕌 La religion.
Une seule chose ne change pas de l’Iran : le son du minaret. Dans chaque restaurant, market, magasin, parking, chaque petit recoin possède son microphone pour retranscrire avec assiduité les prières.
Alors qu’on part à la découverte de la « modernité » , tous les shops ferment les uns après les autres : c’est la prière. Ce qu’on nous a pas dit, c’est que c’est LA prière. Soudainement les gens s’alignent partout avec leur tapis côte-à-côte. Des parcs aux trottoirs en passant par la route, le trafic est bloqué et les gens commencent à s’incliner au rythme des haut parleurs qui psalmodient. C’est stupéfiant. La ville entière semble s’être arrêtée.
15 minutes. Et puis tout reprend comme avant, encore plus vite !
🗼LA plus grande.
Les plus grandes activités de la plus grande tour du plus grand centre commercial de la plus grande arnaque du plus grand souk de la plus grande piste artificielle de ski de l’hôtel le plus luxueux du plus gros trafic aérien du plus gros porte monnaie du plus gros excès de la plus grande absurdité : welcome to Dubaï ! À moins d’être étudiant en architecture, l’intérêt du lieu ne nous saute pas aux yeux. On dépense quasiment le budget du mois pour faire pratiquement rien. TOUT est importé, congelé. Alors arrivés à la plage, la question se pose : est-ce le sable originel, ou est-ce le sable le plus fin, le plus hypoallergénique et le plus sableux de l’île la plus rare de l’archipel inconnu d’un paradis fiscal?
📦 Les masters du package.
Dans cette transition curieuse, on est accompagnés de nos deux amis allemands à vélos -Monica & Bernardht-, rencontrés sur le ferry ! Comme nous, ils vont jusqu’en Inde, avant de partir vers l’Est.
Ils prennent l’avion un jour plus tôt : de quoi nous enseigner l’art du pliage et du tetris à l’allemande : au bout de deux longues heures, les voilà parvenus à faire tenir leur deux bicyclettes dans le carton sans même profiter de l’élasticité de cette matière : c’est droit, c’est impeccable. Même pas de « boursouflure ». Joli !
🛫 Le même jour vient le moment de quitter Raph, qui reprend son vol pour Montréal et sa Doudou : profitez des fish&chips ! 💖.
🔎 À la recherche des cartons perdus.
Vient alors notre tour. On a pensé à pas mal de choses pour le départ mais on a « minifié » la difficulté d’une tâche : « trouver un carton, c’est facile, on verra plus tard ! ». Pas à Dubaï visiblement.
Pas de poubelles. Nulle part. Les déchets sont soudainement invisibles. Rien ne traine. On passe au peigne fin tout le quartier, les postes, les sociétés de transport de colis, les magasins d’électroniques, d’électroménager, de sport, les centres commerciaux… Rien ! Dans le meilleur des cas, on trouve quelques boites qui viennent tout juste d’être vidées mais « too small ». Alors à la nuit tombée Anai tente le tout pour le tout et entre dans la zone de transit des avions et cargos « le hangar du Sea and Sky logistic » : là où TOUT arrive : un véritable labyrinthe où des milliers de personnes s’affairent à décharger, charger, vider, remplir, fermer, relier, conduire… Une chose est sûre : c’est LE paradis du carton ! Après avoir demandé à une trentaine de personnes, Anai fatigue. On finit par la conduire à un hangar qui fait du packetage sur-mesure à un détail près : c’est pour des caisses en bois. Tous les autres cartons ne sont pas aux mesures. L’avion décolle demain et toujours pas de boîte. Alors GG finit par contacter un dernier magasin de vélo, un peu plus loin.
Notre dernière chance. BINGO ! Il en a deux. Un indien du Sud, qui finit par nous VENDRE sa « poubelle » ! Fatiguées, on finit par lui lâcher 7 euros; nos fidèles destriers valent bien ça !
🚲❌📦La mise en pli.
Le lendemain, c’est parti pour le Tetris, dans le sous-sol glauque de l’hôtel -sous le regard vide de groupes de chinois peu avenants.
L’affaire est étonnamment simple : selles, porte bagages, roues, guidons, pédales, béquilles, tout se démonte aisément !
Un seul hic : comment intégrer l’ensemble dans une si petite boite ?! On glisse des vêtements dans les creux, des babioles dans les angles. On bourre un peu.
À force de pousser-tirer on finit par presque joindre les deux bouts du carton, vite vite, scotchons ! Allez oui, faisons 10 tours! ça baille, c’est boursouflé, mais ça fera l’affaire ! Allez zou ! On s’envole pour l’Inde, tchallo !
⚖️ « ça fait plus de 32 kg, ça ne peut pas passer ».
Vous êtes sure ?
Désespoir : c’est le carton du vélo qu’elle pointe.
« C’est vrai que c’était un peu lourd… »
Après une délicate opération in extremis d’ouverture-fermeture (sans avoir ni couteau ni scotch sous la main), on s’envole pour l’Inde maintenant, allez ! Tchallo pour de vrai !
🇮🇳 Delhi. Mother India.
Arrivée à 3h du matin, sans avoir fermé l’oeil. Nos montures arrivent enfin, les axes des roues ont troué les deux cartons. La reconstitution du puzzle à roulettes s’annonce mal.
Au beau milieu des ceintures de bagages de l’aéroport, on attaque avec assiduité le montage de la première bicyclette, presque facilement. On gonfle les pneus, on se félicite : rien n’a l’air de manquer !
On attaque la seconde bécane les yeux déjà moins en face des trous. En sortant le cadre du carton, la fourche glisse du guidon, les roulements à billes tombent, les joints suivent. On écarquille un peu plus les pupilles : « tu savais toi qu’il y avait ça là? » « Non. C’était au dessus ou en dessous ? » « Aucune idée. »
Et nous voilà tâtonnantes, essayant de mettre là un joint et ici un roulement. Dans un sens puis dans l’autre puis tout au même endroit. Tant pis, ça ira comme ça.
Les problèmes continuent : la chaîne a fait un noeud. Après un quart d’heure, on commence à désespérer. Un employé de l’aéroport nous demande « Chaï ? », on lui répond un « Bike fixing ? » en souriant. Il se met illico à la tâche, sans avoir trop l’air de savoir ce qu’il fait, il tire sur la chaîne, bidouille, tire, tourne et paf! Il vient de nous sauver. Sans doute le meilleur thé du voyage ! En route !
🛺 La traversée de Delhi.
Alors qu’on s’imaginait partir tôt et éviter le trafic, nous voilà dehors à l’heure de pointe de la capitale indienne.
On fatigue sérieusement et après quelques kilomètres on se dit que c’était vraiment très con comme idée. GG a le guidon qui ballote puis la fourche qui hurle : on commence à comprendre l’importance de ces toutes petites pièces.
Le trafic s’intensifie, on roule à gauche, tout est inversé, la pollution a du goût, les vaches trainent, les tuktuks déboulent, les camions foncent, chacun force pour passer, les klaxons forment un très long son strident continu (et légèrement agressif de bon matin) : pas de doute, on est bien à Delhi !
« Ah non, on peut pas se faire écraser maintenant ! » Après 40 très longs kilomètres on l’aperçoit : le quartier Tibétain ! Majnu Ka Tila ! Les drapeaux de prières flottent sur les toits de la colonie. Les visages sont familiers. On a réussi ! 😳😃
Avec un peu de recul, cette traversée de Delhi à vélos aura été une transition brutale nécessaire après un bond de géant de Dubaï à l’Inde !
Une réponse
« Les plus grandes activités de la plus grande tour du plus grand centre commercial de la plus grande arnaque du plus grand souk de la plus grande piste artificielle de ski de l’hôtel le plus luxueux du plus gros trafic aérien du plus gros porte monnaie du plus gros excès de la plus grande absurdité : welcome to Dubaï ! À moins d’être étudiant en architecture, l’intérêt du lieu ne nous saute pas aux yeux. On dépense quasiment le budget du mois pour faire pratiquement rien. TOUT est importé, congelé. Alors arrivés à la plage, la question se pose : est-ce le sable originel, ou est-ce le sable le plus fin, le plus hypoallergénique et le plus sableux de l’île la plus rare de l’archipel inconnu d’un paradis fiscal? » –
Tellement l’idée que je peux m’en faire : J’adore la description !