« Mais pourquoi vous partez le 10 mars 2022? En plus ça tombe en pleine semaine, un jeudi ! »
C’est sûrement l’une des questions que l’on nous a le plus souvent posée depuis le début de nos préparatifs !
Déjà, attendre la fin de l’hiver pour partir parcourir le monde à bicyclettes, ça ne semblait pas être une mauvaise idée ! (Parce que même si on a de bons duvets et une tente étanche, le soleil et les beaux jours c’est bon pour le moral, non ?)
Ensuite, la raison principale est avant tout symbolique : le 10 mars, c’est une date particulièrement importante pour les Tibétains, et on vous explique pourquoi juste en dessous !
Le 10 mars 1959 : Soulèvement du Tibet contre l’occupation de la Chine
C’est le 10 mars 1959 qu’a éclaté le soulèvement tibétain pour dénoncer les oppressions et l’invasion de la Chine. Des dizaines de milliers de Tibétains se sont rassemblés dans les rues de Lhassa, capitale du Tibet, pour réclamer leur indépendance.
Ce mouvement de protestation fut un véritable bain de sang et se solda par la mort de plus de 80000 Tibétains.
En réalité, une résistance armée avait débuté dès 1956 par les Tibétains pour s’émanciper de la domination chinoise. Mais le 10 mars 1959, le Dalaï Lama fut invité à assister à un spectacle dans le quartier général chinois, seul, sans sa garde. De peur qu’il ne soit enlevé par les chinois, environ 10000 tibétains se sont réunis devant son palais pour l’empêcher de sortir et ainsi le maintenir en sécurité.
Suite à ces évènements, le 17 mars 1959, le Dalaï Lama fuit le Tibet pour rejoindre l’Inde. Près de 80000 Tibétains suivent le pas et s’exilent principalement en Inde du Nord. C’est la première vague de migration, d’autres suivront.
Le 10 mars, une journée de commémoration internationale
Aujourd’hui, le 10 mars est une journée de commémoration partout dans le monde, notamment en Inde, où de nombreux Tibétains sont réfugiés. Au Tibet, la Chine ferme les frontières à cette période aux étrangers et la présence policière et militaire est renforcée (on peut notamment citer l’exemple des manifestations pacifiques de moines bouddhistes dans la capitale du Tibet en 2008 qui ont été particulièrement fortes et rapidement réprimées.)
La non-violence comme arme de défense
Tout est impermanent et en mouvement perpétuel. C’est pour cette raison que les Tibétains et le Dalaï Lama gardent espoir et restent optimistes malgré une situation étouffante qui perdure depuis maintenant plus de 60 ans! La violence entraîne la violence et crée de nouveaux problèmes. C’est le message que transmet le Dalaï Lama dans de nombreuses interventions au sujet de la situation du Tibet.
C’est pourquoi, en accord avec la philosophie bouddhiste, les Tibétains ont toujours résisté à la Chine dans la non violence et avec compassion.
Merci à la Chine?
Ces différents évènements dramatiques ont aussi apporté de belles choses.
À cause de la Chine ou grâce à la Chine, la culture Tibétaine s’est ouverte au reste du monde et la philosophie bouddhiste non violente s’est diffusée au-delà de ses propres frontières terrestres. Plusieurs initiatives ont vu le jour, comme par exemple :
- La création de l’institut Norbulingka à Dharamshala. Ce centre culturel, fondé par le Dalaï Lama et porté par de nombreux Tibétains, a pour mission de préserver et partager la culture et l’héritage Tibétain. Cet institut abrite près de 300 artisans pour préserver les coutumes traditionnelles: Thangkas, sculptures, poupées, costumes etc.
- La fondation des « Tibetan Children’s Villages » (TCV). Il s’agit d’une organisation caritative dont la mission est de veiller à offrir à tous les enfants Tibétains qui lui sont confiés une éducation solide et une identité culturelle ancrée. (la photo principale de l’article est prise au TCV de Dharamshala)
(Cette liste est bien sûr loin d’être exhaustive mais révèle la richesse des différents projets mis en place pour protéger et préserver l’héritage de la tradition Tibétaine !)
Le 10 mars 2022, c’est donc un coup de pédale symbolique de soutien !
Ainsi, débuter notre périple jusqu’à Dharamshala le 10 mars, c’est avant tout un clin d’œil symbolique pour la cause Tibétaine. Sans aucune prétention militante ou politique, c’est simplement l’occasion de parler de cette situation qui perdure toujours aujourd’hui au Tibet.
Car avant tout, c’est l’intention qui compte.