Au bord de la Mare, avant Savona

[Carnet de voyage #2] – De la mer vers le Pô, l’Italie à vélos

J+20, 859km.

Après le calme du pays de Fayence et le vaste lac de Saint Cassien: changement de décor, de pays et d’ambiance ! D’ailleurs, on y a trouvé le soleil et la mer et c’était assez agréable !

Lundi dernier, c’est le vent dans la face et la tête dans le guidon qu’on a passé (à, difficilement, 6km/h) la première frontière du voyage: l’Italie ! Après ces deux années, cette étape à une saveur vraiment particulière !

( + de photos par ici !

Nice. En vérité, on n’aime pas trop être dans de grandes villes avec nos GROS vélos ! On se sent encombrées et encombrantes ! (Ça n’est pas qu’un ressenti) Mais comme des fois, on n’a pas trop le choix on finit par y découvrir de très beaux endroits. En fin d’après-midi, on fait la rencontre d’un gars sympa, grand voyageur à vélo, en train d’essayer sa très belle et nouvelle bicyclette. On papote un moment et il nous dirige vers le parc du Mont Boron, seul endroit envisageable selon lui pour bivouaquer. Ça monte sur la moyenne corniche, mais la vue en vaut vraiment la peine. C’est assez fou d’avoir un tel endroit naturel à quelques pas de la ville. Visiblement et à juste titre, cet endroit est très fréquenté des Niçois pour se balader, promener son chien, dealer et faire du sport. Pas si simple donc de trouver un spot pour la nuit. Après une bonne heure à tourner, de façon louche, dans les fourrés, rouler et chercher, on trouve ENFIN un endroit caché, qui surplombe (mamamiaaa) toute la ville ! Wahou. Les étoiles s’allument en bas en premier, bien alignées, dans les Grands Boulevards. Le lendemain matin, après le passage de plusieurs promeneurs, on plie bagages rapidement et on se remet en route, quand 5 policiers municipaux arrivent en scooter à toute berzingue (flûte! on nous aurait balancées?). Ils nous questionnent finalement avec bienveillance sur le voyage et finissent par nous escorter pour nous indiquer la route à emprunter pour rejoindre Menton ! Seconde escorte du voyage, on va finir par y prendre goût !

Menton

Notre premier passage de frontière à vélos.

On fait moins les malignes. Il y a toujours un coté un peu stressant dans le passage d’une frontière -surtout à une vitesse réduite. On n’a rien à se reprocher, mais une fois les roues de l’autre coté, on pédale sans s’arrêter sur plusieurs kilomètres, lorgnant de temps à autre le rétroviseur, comme si on avait de la cocaïne plein les sacoches! Une fois cette course effrénée (mais au ralenti quand même, avec le vent) terminée, on s’arrête pour reprendre notre souffle et on s’avoue mutuellement notre palpitant en rigolant !

L’Italie rime avec (re)découvertes culinaires: Focaccias, Pizzas, Chino, Crocantini, Risotto, Amaretti, Spritz… ! On se régale ! La Italia rime aussi avec églises et Saints PARTOUT, surtout à l’approche de Pâques. D’ailleurs, les « pasticceria » débordent d’oeufs GIGANTESQUES. Ici, avec la Di Pasquala, on ne plaisante pas! 🤩

Finale Ligure. Devant l’imposante église baroque San Giovanni Battista, une dame vient vers nous et nous demande « Da dove vieni »? ! On lui explique le projet en baragouinant du franglicciano, et on lui dit qu’on vient d’un village près d’Avignon. Elle nous répond les yeux plein d’étincelles qu’elle connait « Avignone » : c’est sur la route de Lourdes ! Puis, cette personne -absolument adorable- sort de son sac des icônes de la vierge Marie, de Lourdes et d’autres saints protecteurs. Elle tient vraiment à nous les offrir et nous dit qu’elle va prier pour nous dès maintenant pour que notre voyage se déroule au mieux et s’engouffre dans l’église, la « chiesa ».

Vintimille, San Remo, Alassio, Noli et de nombreuses autres cités balnéaires aux couleurs chaudes. Depuis notre arrivée sur la côte, la circulation est assez intense et surtout, il est vraiment très difficile de trouver des endroits où planter la tente pour dormir ! Plus le temps passe et moins on a d’exigence sur notre lieu de campement: tant qu’il y a un carré à peu près plat, ça suffit !

Dolce vitta

Savona. On a été accueillies chez Laura et Abi, nos hôtes Warmshower ! Laura nous a exposé les différentes routes envisageables pour la suite. Clairement, on a choisi de quitter la côte au plus vite pour retrouver des petites routes, la pleine nature et aussi moins galérer pour trouver des endroits où coucher!

Direction Acqui Terme donc, et Le fleuve du Po. Ça va monter. Laura nous a annoncé un peu plus de 700m de dénivelé, une bosse pour certains, l’Everest, pour nous ! Le début est vraiment tranquille, mais c’est l’heure du repas, et manger, c’est sacré. Alors on se pose dans un petit village désert, San Giovanni, pour casser la croûte. C’est donc le ventre bien plein qu’on démarre l’ascension. Visiblement, ce n’était pas l’idée de l’année ! Anai finit par rendre à César ce qui était à son estomac et c’est seulement après cette courte pause libératrice qu’on finit par arriver au col ! Dans ces moments-là, on ne vous cache pas qu’on se demande pourquoi on n’a pas pris l’avion, ou une moto; c’est bien la moto aussi ! Et puis on regarde autour de nous, le soleil, la végétation en pleine explosion printanière, la vue et la descente qui s’offrent à nous et on oublie les galères !

Vue depuis San Giovanni, après un peu (trop) de dénivelé
Vue depuis San Giovanni, après un peu (trop) de dénivelé

En route vers la plaine du Pô !

On laisse derrière nous les paysages (méga) vallonnés pour pédaler au milieu de la plaine et de ses vastes cultures de riz et céréales. On pourrait se croire dans la Marne -comme un retour aux sources pour Jessica. On traverse de nombreux villages aux maisons pour beaucoup désertées. Nos interactions avec des humains sont assez limitées et c’est vrai que la barrière de la langue se fait de plus en plus sentir : peu de personnes parlent anglais et même si on comprend vaguement l’italien grâce au français, notre incapacité à répondre rend les échanges limités au strict minimum ! (Bonjour, comment ça va, on voudrait deux cappuccinos, merci beaucoup, salut !, tout droit, à gauche, la carte de quoi ? No no! on vient d’Avignon, on va a la India, si si, eh oui ce sont de beaux vélos, ciao, oh la jolie église!, bonne soirée et bonne nuit !) Et pour nous aider, notre guide papier de la région est en allemand, ein grosse Po-Radweg !

Vue de la tente au petit matin vers Sezzadio
Vue de la tente au petit matin vers Sezzadio

La traversée est rythmée par de grandes « cascina » (fermes typiques de la plaine du Pô Lombarde) et un patrimoine catholique omniprésent (et le mot est faible, qu’importe la langue). De grands édifices religieux dominent même les plus petits hameaux ! Ce qui a une tendance à nous arranger puisque des pistes cyclables vont de cimetière en cimetière, lieux non négligeables : on y trouve de l’eau potable et parfois même le luxe Del bagno (les WC !).
Pragmatisme mis à part, ces lieux sont surprenants de taille : dans presque chaque cimeterio, on trouve une mosaïque de petites chapelles qui, chacune, accueille les défunts d’une même famille. On peut y rentrer et même s’y asseoir pour se recueillir (pratique, par temps de pluie!). Cela donne donc lieu à des espaces assez colossaux, avec des noms de « rues » et des numéros.
Sans transition. Ce qui est assez « marrant » dans ce coin, ce sont les panneaux d’indications kilométriques. On passe un premier panneau qui indique la prochaine ville à 60 km, puis 5 km plus tard, cette même ville est indiquée à 75 km. Deux solutions: soit ils ont habilement mélangé les panneaux, soit on fait des détours sur une ligne droite, sans même s’en rendre compte !

San Stefano. Après ces 20 jours à pédaler en moyenne 50 km, on a décidé de poser nos sacoches pendant 3 jours chez notre hôte Vittorio pour reposer nos cuisses et nos mollets. On est en pleine campagne, à quelques kilomètres seulement de Piacenza (Entre Milan et Parme).

Quelle était la probabilité pour qu’il y ait déjà des drapeaux de prières suspendus dans son jardin ? 💙

Drapeaux de prières

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